C’est l’un des effets du conflit ukrainien. Le retour de la guerre en Europe, bouleverse les priorités et l’organisation de l’armée de terre française. Bertrand Toujouse, ancien commandant des forces spéciales, est le premier général à occuper ces nouvelles fonctions, qui doivent permettre à l’armée de terre de réagir plus vite avec les alliés, en cas de crise. Le commandement pour les opérations aéroterrestres en Europe (CTE) s’installe à Lille, près du commandement des forces terrestres.
« Avec le CTE, nous changeons de modèle et d’échelle, souligne le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de terre. C’est clairement un complément que nous avons apporté, qui est apparu d’autant plus important que nous avons augmenté le nombre et le niveau des forces que nous déployons en Europe, avec notre bataillon en Roumanie, nos compagnies qui sont en Estonie et puis les forces que nous avons en Pologne et qui forment les Ukrainiens. Compte tenu de ces déploiements accrus, il nous est apparu indispensable, d’avoir un commandement qui soit capable de commander le déplacement des unités entre le moment où elles quittent leur garnison jusqu’au moment où elles se déploient sur les zones d’opération avant d’être formellement placée sous les ordres de l’Otan ou d’une coalition au sein de laquelle elles seraient engagées. Et par ailleurs, nous conservons un certain nombre de responsabilités nationales, notamment de soutien logistique. C’est vraiment pour assurer la coordination et le commandement de l’ensemble de ces responsabilités que nous avons mis sur pied ce commandement. »
Défense collective
Le CTE sera placé sous les ordres du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), qui dirige toutes les opérations militaires. Le CTE servira d’interface avec l’Otan, mais aussi l’Union européenne, au niveau opératif, entre le niveau stratégique et celui du champ de bataille. Un modèle d’organisation bien connu de l’armée de l’air et de la marine qui l’ont mis en place depuis longtemps.
En revanche, l’armée de terre accusait un certain retard, dans le combat en coalition. C’est un recentrage, martèle le général Schill : « C’est avant tout un retour marqué et assumé sur les questions de la défense collective. Et la défense collective, c’est en Europe. Il est clair que la probabilité qu’un conflit dure ou qu’en tout cas une situation implique le déclenchement des mécanismes de la défense collective a cru en termes de probabilité au cours des dernières années. Donc, nous devons davantage nous préparer à ces occurrences, alors qu’il est clair également qu’au cours des dernières décennies, nous avions plutôt mis la priorité sur le profilage de l’armée de terre pour s’engager au mieux dans les opérations de gestion de crise plus loin. »
Alors que la France a engagé son retrait du Niger, la création du commandement « Terre Europe », illustre la bascule des priorités militaires de l’Afrique vers le Vieux continent.